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Myanmar : l'OIT demande aux militaires de mettre fin au harcèlement des travailleurs

L'Organisation internationale du travail (OIT) a appelé l'armée du Myanmar à mettre fin au harcèlement et à l'intimidation des travailleurs par les forces de sécurité, et à veiller à ce qu'ils puissent exercer leur droit à la liberté d'expression, dans un climat exempt de violence et de peur.

Dans un communiqué publié mardi, l'agence onusienne a déclaré avoir reçu des allégations selon lesquelles la police et l'armée procèdent à des fouilles en faisant du porte-à-porte pour trouver des syndicalistes dans leurs dortoirs et leurs foyers dans la township industrielle de Hlaingtharyar, dans la plus grande ville du pays, Yangon. 

Ces actes de harcèlement et d'intimidation viseraient surtout les jeunes travailleuses travaillant dans les industries du secteur privé de Yangon, qui vivent loin de leurs familles dans les zones rurales, a déclaré l'OIT

« L'OIT exhorte les autorités militaires à cesser tous les actes de harcèlement et d'intimidation contre ces travailleurs, en particulier les jeunes travailleuses, et à s'assurer que tous les travailleurs puissent exercer leurs droits à la liberté d'association, de réunion et d'expression ainsi que d'autres droits de l'homme dans un climat exempt de violence, de pression, de peur et de menace de toute sorte », a ajouté l'agence. 

Manifestations de grande ampleur 

Les manifestations de masse n'ont cessé de croître dans tout le Myanmar depuis la prise du pouvoir par les militaires le 1er février et l'arrestation de plusieurs dirigeants et élus importants, dont la Conseillère d'État Aung San Suu Kyi et le Président Win Myint.  

Cette prise de pouvoir a fait suite à l'escalade des tensions entre le gouvernement et l'armée à propos des élections de novembre 2020, qui ont été remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) dirigée par Mme Suu Kyi. 

Au moins deux personnes, dont un enfant, auraient été tuées et de nombreuses autres blessées depuis le début de la crise. On rapporte également que les forces de sécurité ont fait un usage excessif et meurtrier de la force, y compris des balles réelles, contre les manifestants.  

OIT/Marcel Crozet
Des gens débarquent d'un ferry sur la rivière Yangon au Myanmar

Craintes de perturbation des services essentiels 

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a fait part de sa profonde inquiétude quant à l'utilisation de la force, avertissant qu'elle pourrait contribuer à une escalade de la violence contre les femmes, les filles et les jeunes. 

Dans une déclaration séparée, l'agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive a également exprimé la crainte que les services essentiels, notamment les programmes de grossesse et d'accouchement sans risque, soient perturbés par la crise actuelle. 

« À la lumière des événements qui se déroulent au Myanmar, l'UNFPA se joint à l'ensemble de la famille des Nations Unies pour exprimer sa plus vive inquiétude quant aux effets négatifs sur les droits, la sécurité, la santé et le bien-être de la population du Myanmar, y compris les femmes, les filles et les jeunes », a déclaré l'agence. 

Les perturbations des services essentiels pour répondre aux besoins de santé des femmes et des filles, notamment la grossesse et l'accouchement sans risque, « auront des conséquences graves, voire mortelles, si les soins obstétriques et néonatals d'urgence dispensés en temps voulu ne sont pas fournis en général », a-t-elle ajouté, notant que les communautés les plus défavorisées et les plus vulnérables seraient les plus touchées. 

« L'UNFPA est aux côtés des femmes, des filles et des jeunes du Myanmar et de leur droit aux soins de santé sexuelle et reproductive, même pendant la crise », a ajouté l'agence. 

L'OIT et l'UNFPA ont réitéré l'appel du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, pour que les forces militaires et de sécurité respectent les droits fondamentaux de la population du Myanmar.

Menace sur les vaccinations contre la Covid

Lors d'une réunion d'information avec les journalistes au siège des Nations Unies à New York, mercredi, le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, a déclaré que l'équipe des Nations Unies au Myanmar était « gravement préoccupée » par le fait que les troubles politiques et sociaux allaient compromettre la campagne de vaccination anti-Covid-19 déjà en cours.

« Nos collègues disent que le Myanmar a mis au point un plan national de déploiement et de vaccination solide et méticuleux. Il avait déjà vacciné 105.000 agents de santé au 31 janvier », a-t-il déclaré.