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Face aux risques que fait peser le dérèglement climatique sur la paix, l’ONU plaide pour davantage de prévention

Alors que le dérèglement climatique amplifie et multiple les crises dans le monde, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé mardi à protéger les communautés affectées et à intensifier les mesures de préparation en vue des répercussions les plus graves sur la paix et la sécurité internationales.

« Le dérèglement climatique amplifie et démultiplie les crises. Lorsque les changements climatiques assèchent des rivières, amoindrissent des récoltes, détruisent des infrastructures essentielles et déplacent des communautés, ils exacerbent les risques d’instabilité et de conflit », a déclaré le chef de l’ONU lors d’un débat du Conseil de sécurité sur la prise en compte des risques liés au climat pesant sur la paix et la sécurité internationales et sur le renforcement de la résilience.

Le Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, dont le pays préside le Conseil de sécurité pendant le mois de février, a participé à ce débat, ainsi que John Kerry, l’Envoyé spécial pour le climat du Président des Etats-Unis.

Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que la décennie qui vient de se terminer a été la plus chaude de l’histoire de l’humanité. Les niveaux de dioxyde de carbone ont atteint des records, et les incendies, les cyclones, les inondations et les sécheresses sont devenus la nouvelle norme. « Ces chocs n’endommagent pas seulement l’environnement dont nous dépendons ; ils affaiblissent également nos structures politiques, économiques et sociales », a-t-il dit.

Selon lui, « la ligne de conduite que nous dicte la science est claire : nous devons limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C d’ici la fin du siècle ». « Et notre devoir est encore plus clair : nous devons protéger les personnes et les communautés qui pâtissent du dérèglement climatique. Nous devons intensifier les mesures de préparation en vue des répercussions de plus en plus graves que la crise climatique a sur la paix et la sécurité internationales », a-t-il ajouté.

Multiplication des violences et des conflits au Sahel

M. Guterres a noté que les conséquences de la crise du climat sont les plus importantes « là où la fragilité et les conflits ont affaibli les mécanismes d’adaptation, où les populations dépendent du capital naturel, comme les forêts ou les stocks de poissons, pour leur subsistance et où les femmes, qui subissent les effets les plus lourds de l’urgence climatique, ne jouissent pas de l’égalité des droits ».

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, par exemple, plus de 50 millions de personnes dépendent de l’élevage pour leur survie. L’évolution des modes de pâturage a contribué à la multiplication des violences et des conflits entre éleveurs et agriculteurs.

« Si nous ne protégeons pas les personnes les plus exposées et les plus vulnérables aux impacts climatiques, nous pouvons nous attendre à ce qu’elles soient de plus en plus marginalisées et que leur mécontentement ne fasse qu’empirer », a prévenu le Secrétaire général. « Des inégalités élevées peuvent affaiblir la cohésion sociale et conduire à la discrimination, à la désignation de boucs émissaires, à la montée des tensions et des troubles, et augmenter le risque de conflit. Les populations déjà laissées pour compte seront de plus en plus défavorisées ».

Le chef de l’ONU a également noté que le dérèglement climatique entraîne des déplacements de population sur toute la planète. « Le déplacement forcé d’un plus grand nombre de personnes aux quatre coins du monde augmentera clairement les risques de conflit et d’insécurité », a-t-il prévenu.

Quatre domaines d’action prioritaires

Pour lutter contre les risques spécifiques que la crise climatique fait peser sur la paix et la sécurité, le chef de l’ONU a détaillé quatre domaines d’action prioritaires.

Premièrement, il faut, selon lui, insister davantage sur la prévention au moyen d’une action climatique forte et ambitieuse. « La communauté internationale doit prendre les mesures nécessaires pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris (sur le climat) et éviter une catastrophe climatique », a-t-il déclaré.

Deuxièmement, il faut agir immédiatement pour protéger les pays, les communautés et les personnes contre les effets de plus en plus fréquents et graves du climat. « Nous devons percer dans les domaines de l’adaptation et de la résilience, ce qui exige une augmentation spectaculaire du niveau des investissements », a dit M. Guterres.

Troisièmement, il faut adopter un concept de sécurité qui place l’humain au centre. « C’est en prévenant et en combattant la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les déplacements causés par les dérèglements climatiques que nous contribuerons à pérenniser la paix et à réduire les risques de conflit », a estimé le Secrétaire général.

La quatrième priorité, c’est le renforcement des partenariats au sein du système des Nations Unies et au-delà.

En conclusion, le Secrétaire général de l’ONU a exhorté les membres du Conseil de sécurité à user de leur influence au cours de cette année pour assurer le succès de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP26, qui aura lieu à Glasgow (Royaume-Uni) en novembre, et à mobiliser les autres acteurs, notamment les institutions financières internationales et le secteur privé, pour qu’ils fassent leur part.