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L’unité de la Libye ne se fera que par les urnes, pas par les armes, rappelle l’ONU

La Libye se trouve à un « moment délicat et fragile sur son chemin vers l'unité et la stabilité », a déclaré lundi la cheffe des affaires politiques de l'ONU au Conseil de sécurité, exhortant la communauté internationale à rester unie pour soutenir les élections nationales reportées le mois dernier.

Se félicitant de développements positifs dans le dialogue entre Libyens, Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a également reconnu les défis qui doivent être surmontés. « Beaucoup de Libyens nous l'ont dit, le chemin vers une Libye stable et unie passe par les urnes, pas par les armes », a-t-elle déclaré. « Nous devons être à leurs côtés ».

La polarisation croissante entre les acteurs politiques et les différends sur les principaux aspects du processus électoral ont conduit au report des élections prévues le 24 décembre 2021. La Haute Commission électorale nationale a cité des lacunes dans le cadre juridique ainsi que des préoccupations politiques et sécuritaires. Pour résoudre ce problème, la Chambre des représentants a créé un comité pour établir notamment un nouveau calendrier électoral.

Consultations avec les principaux acteurs politiques

Le mois dernier, Stephanie Williams a été nommée Conseillère spéciale sur la Libye, après avoir été l’an dernier Représentante spéciale et Cheffe par intérim de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

À ce jour, elle a entrepris des consultations, notamment auprès des membres du Gouvernement d'unité nationale, de la Haute Commission électorale nationale, de la Chambre des représentants et des candidats aux élections présidentielles et législatives.

La Libye, riche en pétrole, a sombré dans de multiples crises depuis le renversement de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays s’est retrouvé divisé ces dernières années entre deux administrations rivales - un Gouvernement d'accord national reconnu par l'ONU et basé dans la capitale Tripoli, et celle de l’Armée nationale libyenne, dirigée par le général Khalifa Haftar.

Mme Williams a réitéré que le processus politique actuel devait rester focalisé sur la tenue « d'élections nationales libres, justes, inclusives et crédibles » dans les plus brefs délais.

« Dans toutes ses réunions, la Conseillère spéciale a souligné le fait que 2,8 millions de Libyens se sont inscrits pour voter », a déclaré Mme DiCarlo, ajoutant qu'elle a également appelé tout le monde à respecter la volonté du peuple libyen et à respecter le calendrier convenu dans la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen, qui a été approuvée par le Conseil de sécurité.

Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques des Nations Unies, devant le Conseil de sécurité.
Photo ONU/Eskinder Debebe
Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques des Nations Unies, devant le Conseil de sécurité.

L'incertitude politique pèse sur la situation sécuritaire

La cheffe des affaires politiques de l'ONU a déclaré qu'un dialogue continu entre les acteurs politiques, sécuritaires et économiques de tout le pays était essentiel.

En ce qui concerne l'économie, de nouvelles mesures ont été prises pour réunifier la Banque centrale de Libye. En outre, des efforts renouvelés continuent de faire progresser la réconciliation nationale sur la base des principes de justice transitionnelle.

Alors que le cessez-le-feu continue de tenir, « l'incertitude politique à l'approche des élections a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire globale », a expliqué Mme DiCarlo au Conseil de sécurité. Cela a entraîné un changement d'alliances entre les groupes armés affiliés à certains candidats à la présidence, a-t-elle ajouté.

Pour mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu, le mois dernier, des représentants militaires des camps opposés ont discuté avec les autorités turques et russes d'un plan d'action pour retirer progressivement les mercenaires et les combattants étrangers du pays.

Dans le même temps, malgré de graves problèmes logistiques et de sécurité, la MANUL a poursuivi ses activités pour établir un centre de surveillance du cessez-le-feu à Syrte.

S’agissant de la situation des droits de l'homme, Mme DiCarlo a déclaré qu’elle restait préoccupante. Elle a noté « des incidents documentés de violences liées aux élections et d'attaques fondées sur l'affiliation politique », qu'elle a décrits comme des obstacles à un environnement propice à des élections libres, équitables, pacifiques et crédibles.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les femmes et les hommes œuvrant pour la protection et la promotion des droits des femmes continuent d'être la cible de discours de haine, de diffamation et d'incitation à la violence », a-t-elle déclaré.

Situation préoccupante des migrants et réfugiés

La situation des migrants et des réfugiés est également très préoccupante. « Un grand nombre de migrants et de réfugiés tentant de traverser la mer Méditerranée et renvoyés en Libye continuent d'être détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes avec une aide humanitaire restreinte. Des milliers de personnes sont portées disparues », a déclaré la responsable de l'ONU.

Mme DiCarlo a souligné que des centaines de ressortissants étrangers ont été expulsés des frontières orientales et méridionales de la Libye sans procédure régulière, certains « placés dans des situations extrêmement vulnérables dans des endroits reculés du désert du Sahara, sans nourriture, eau, sécurité et soins médicaux suffisants ».

« Les Nations Unies restent prêtes à travailler avec les autorités libyennes sur une réponse nationale à long terme à la gestion des migrations et des réfugiés, conformément au droit international, afin d'inclure la prise en compte des préoccupations relatives aux droits de l'homme », a-t-elle assuré.