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Myanmar : l’ONU appelle à une pression accrue sur la junte, un an après le coup d’État

La communauté internationale doit accroître la pression sur l’armée du Myanmar afin qu’elle mette fin à sa violente répression et rétablisse le pouvoir civil, a déclaré vendredi à Genève, Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, à quelques jours de l’anniversaire du coup d’État dans ce pays d’Asie.

Au moins 1.500 personnes ont été tuées par les forces de sécurité au Myanmar depuis le coup d’État du 1er février 2021, un chiffre qui, selon l’ONU, ne tient pas compte « des milliers de morts supplémentaires dues au conflit armé et à la violence, qui se sont intensifiés dans tout le pays ». 

« Le peuple du Myanmar a payé un lourd tribut en vies et en libertés, et continue de plaider inlassablement pour la démocratie », a affirmé dans un communiqué, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, exhortant les gouvernements et les entreprises à tenir compte des voix du peuple et à intensifier la pression sur les militaires.

La persécution des minorités ethniques et religieuses telles que les Rohingyas, les procès inéquitables d’opposants politiques et les attaques aveugles, notamment les attentats à la bombe, « montrent le grave mépris pour la vie humaine » du régime actuel, a-t-elle ajouté.

Au moins 290 personnes mortes en détention

Au cours des 12 derniers mois, le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé la détention arbitraire de 11.787 personnes pour avoir exprimé leur opposition au régime militaire lors de manifestations pacifiques ou par le biais de leurs activités en ligne, dont 8.792 sont toujours en détention. Au moins 290 personnes sont mortes en détention, la plupart probablement à la suite d’actes de torture.

Il est temps de redoubler d’efforts de toute urgence pour rétablir les droits humains et la démocratie au Myanmar et faire en sorte que les auteurs de violations et d’atteintes systématiques aux droits humains aient à rendre des comptes

Mme Bachelet s’est entretenue cette semaine avec des témoins de la répression des forces armées birmanes, la Tatmadaw.

« Ces citoyens ont témoigné de récits effrayants de journalistes torturés, d’ouvriers d’usine intimidés, réduits au silence et exploités, d’intensification de la persécution des minorités ethniques et religieuses, notamment des Rohingyas, d’arrestations et de détentions arbitraires », entre autres abus, a-t-elle dit. 

Ces protagonistes de la répression dont « des défenseurs des droits de l’homme déterminés et courageux » ont demandé à « la communauté internationale de ne pas les abandonner et de prendre des mesures fortes et efficaces pour que leurs droits humains soient protégés et que l’armée soit tenue pour responsable », a-t-elle  ajouté.

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a ainsi invité les gouvernements - dans la région et au-delà - ainsi que les entreprises, à écouter cet appel. « Il est temps de redoubler d’efforts de toute urgence pour rétablir les droits humains et la démocratie au Myanmar et faire en sorte que les auteurs de violations et d’atteintes systématiques aux droits humains aient à rendre des comptes », a-t-elle insisté.

Scène de rue au Myanmar.
Unsplash/Justin Min
Scène de rue au Myanmar.

Impunité des militaires

Si le coup d’État et les violences qui ont suivi ont fait l’objet d’une condamnation quasi universelle, la réponse internationale a été « inefficace et manque d’un sentiment d’urgence à la mesure de l’ampleur de la crise », a regretté Mme Bachelet.

« Les mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations Unies et par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) n’ont pas suffi à convaincre l’armée du Myanmar de cesser ses violences et de faciliter l’accès humanitaire et l’acheminement de l’aide », a-t-elle fait valoir, saluant la décision prise par certaines sociétés privées de se retirer pour des raisons de droits de l’homme.

Plus largement, Mme Bachelet a indiqué que la crise actuelle des droits de l’homme est « bâtie sur l’impunité avec laquelle les dirigeants militaires ont perpétré la campagne de violence choquante qui a entraîné des violations flagrantes des droits de l’homme à l’encontre des communautés Rohingya du Myanmar il y a quatre ans - et d’autres minorités ethniques pendant de nombreuses décennies auparavant ».

« Tant que l’impunité prévaudra, la stabilité au Myanmar sera une fiction », a conclu la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, rappelant l’importance de « la reddition des militaires pour toute solution à venir ».