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Myanmar : la crise fait payer un lourd tribut aux enfants

Le temps presse pour sauver la génération sinistrée du Myanmar, a averti mercredi le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, qui a exhorté la communauté internationale à prendre rapidement des mesures pour protéger les enfants de ce pays d’Asie du Sud-Est.

Sur le terrain, les enfants continuent de faire les frais des « attaques continues de l’armée » pour affirmer ainsi son contrôle sur le territoire. Au moins 382 enfants ont été tués ou blessés par des groupes armés depuis le coup d’État de février 2021.

En outre, plus de 1.400 enfants auraient été arrêtés arbitrairement depuis le coup d’État.

Selon le Comité, les enfants qui ont participé ou sont soupçonnés d’avoir participé à des manifestations figurent parmi les personnes détenues par l’armée. A la date du 27 mai 2022, au moins 274 enfants prisonniers politiques étaient toujours détenus par l’armée.

Une famille sans abri à Rangoon, au Myanmar.
Photo : OIT/Marcel Crozet
Une famille sans abri à Rangoon, au Myanmar.

Des enfants pris en otage pour faire pression sur leurs parents

Cette vague de répression n’épargne pas les enfants rohingyas, qui ont été arrêtés et détenus pour des « infractions présumées liées à la migration ». « Des actes de torture et des mauvais traitements, y compris des abus sexuels, auraient été infligés à ces enfants ».

Selon le Comité, les militaires prennent également en otage les enfants des défenseurs des droits de l’homme pour faire pression sur leurs parents afin qu’ils se rendent. Selon le dernier rapport de la Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, au moins 61 enfants sont actuellement retenus en otage par la junte.

Des enfants auraient été enlevés et recrutés pour des conflits armés.  Le nombre d’enfants enlevés à des fins de recrutement est en augmentation, de même que le nombre d’enfants qui rejoignent des groupes de défense locaux et sont particulièrement exposés au risque d’être tués ou blessés. « Ils ont été envoyés pour participer à des conflits armés », a souligné l’experte, relevant que la traite et le travail des enfants seraient en augmentation au Myanmar.

33.000 enfants mourront de causes évitables cette année

Sur le plan de l’éducation, plus de la moitié des enfants du pays, soit environ 7,8 millions, ne sont toujours pas scolarisés. L’ONU a recensé 260 attaques contre des écoles et du personnel éducatif depuis le coup d’État, et 320 cas d’utilisation d’écoles par des groupes armés entre février 2021 et mars 2022.

Par ailleurs, les crises économique et humanitaire ont des effets dévastateurs sur les enfants et alimentent toutes les formes de violence et d’exploitation. Le Comité est profondément préoccupé par le fait que l’armée entrave intentionnellement l’accès à la nourriture, aux fonds, à l’aide médicale et aux communications afin d’affaiblir la base de soutien de la résistance armée et de provoquer la peur.

Le Comité estime que 33.000 enfants mourront de causes évitables en 2022, simplement en raison de l’absence de vaccinations de routine. En outre, 1,3 million d’enfants et plus de 700.000 femmes enceintes ou allaitantes ont besoin d’un soutien nutritionnel. En conséquence, les experts mettent en garde contre une crise alimentaire imminente et une augmentation spectaculaire des taux de malnutrition infantile.

Des élèves rentrent chez eux après l'école à Loikaw, dans l'État de Kayah, au Myanmar.
© UNICEF/ Min Zayar Oo
Des élèves rentrent chez eux après l'école à Loikaw, dans l'État de Kayah, au Myanmar.

La communauté internationale doit donner la priorité aux droits des enfants

Le Comité réitère donc son appel aux Nations Unies et aux organisations de la société civile pour qu’elles puissent accéder en toute sécurité et sans restriction à l’aide et aux services destinés aux enfants les plus vulnérables du Myanmar.

Face à ces abus dont sont victimes les enfants, le Comité demande instamment à l’armée du Myanmar de cesser d’impliquer des enfants dans les hostilités, de cesser de prendre des enfants en otage, de mettre fin à la détention illégale.

Il s’agit aussi de mettre fin la torture et les mauvais traitements infligés aux enfants en captivité, et de libérer immédiatement et sans condition tous les enfants détenus. « Les auteurs de crimes d’atrocité contre des enfants doivent être tenus responsables devant des tribunaux impartiaux et indépendants », ont insisté les experts. 

Le Comité appelle également la communauté internationale à réévaluer et à remanier d’urgence la réponse mondiale aux crises au Myanmar, à donner la priorité aux droits des enfants sur toute autre considération et à prendre des mesures concrètes pour soulager leurs souffrances.

Selon les chiffres de l’ONU, le nombre estimé de personnes déplacées à l’intérieur du pays depuis le coup d’État a dépassé 700.000, dont plus de 250.000 enfants, au 1er juin 2022.